Rainier Lericolais, Les enfants gâtés (OS.009)

Juger de la qualité d’une bande son n’est pas chose aisée si on n’a pas eu connaissance du film à priori.. N’ayant pas eu l’occasion de voir le film de Daniela Marxer (les films de la greluche ) incapable de juger de la pertinence du fond et de la forme, on s’en tiendra donc à l’analyse simple et un peu tronquée qu’offre cet album. Les qualités qu’on peut y déceler ont pourtant une valeur propre, liée à l’harmonie et à la mélodie des morceaux.  Composés par Le plasticien musicien Renier Lericolais, accessoirement « Pilier » du label Optical Sound. Nourri de l’aide de Joachim Batliner, Mathias Ospelt, Marco Schâdler, Ingo Ospelt, Lericolais a réussi la belle gageure avec ses enfants gâtes de donner une dimension fragile et humaine à sa musique, intégrant à loisir samples et éléments divers tels que ces dialogues en allemand. Les effets et modes opératoires électroniques ont été estampées pour offrir une plus grande liberté de mouvements aux variations acoustiques et au contexte du film, mêlant chansons populaires germaniques, ambiances obscures et étranges, échos concrets de cours d’école. Néanmoins, on retrouve à divers degrés ce qui fait l’empreinte du musicien La  force de ce disque se révèle au fur et à mesure de l’écoute, suggérant une succession de scènes, de contextes et de caractères.

Un pari risqué, mais réussi qui s’écoute les yeux fermés.
Jade Web

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Description

On découvrait Rainier Lericolais avec son Yrieix EP qui nous avait tout de suite convaincu, confirmant cette bonne impression quelques mois plus tard en live lors de la première édition du festival Octopus. On le retrouve ce mois-ci avec deux sorties, toujours chez Optical Sound. Tout d’abord Re: Courrier Electronique, double CD contenant une réédition de Courrier Electronique agrémentée de 17 remixes. D’autre part Les Enfants Gâtés, BO d’un documentaire de Daniella Marxer présenté l’an passé au Festival International du Film de Femmes de Créteil.

S’agissant de la bande son d’un film, il s’agit là d’un disque un peu particulier et pas forcément représentatif du travail de Rainier Lericolais, même si on retrouve de temps à autre sa patte. De plus, le film étant un documentaire, ce disque sert presque de témoignage, de version audio du film, avec des dialogues qui sont repris, intégrés à la musique, servant d’intro ou de conclusion à un morceau. On y trouve également ce qui semble être des chants populaires chantés en allemand (le film se déroulant au Liechtenstein), accompagnés d’un orgue ou d’un piano.

En fait l’album est assez partagé et alterne ambiance du films et compositions de Rainier Lericolais qui n’a jamais été aussi précis dans ses compositions lorgnant régulièrement vers une electronica minimale, incorporant des sonorités micro-électroniques et autres clicks’n cuts. Ils ponctuent un dialogue sur le premier titre ou servent plus classiquement une rythmique affûtée. Des voix, une foule au loin, des cris d’enfants extraits du film font office de field recordings et apportent un peu de vie à une musique parfois clinique, tandis que l’apparition de mélodie vient transcender les compositions de l’artiste. Un piano presque jazzy et une voix lointaine sur le sixième titre, une voix fragile, un chant murmuré un peu plus loin tandis que basses et clicks se livrent un duel (piste 9), une magnifique cascade de notes de guitare (piste 13) et un dernier titre dans la lignée du Yrieix EP, faisant la preuve que Lericolais maîtrise à merveille l’édition numérique, découpant quelques notes de piano de façon syncopée tout en gardant leur potentiel musical.

Pas forcément facile d’approche avec ces voix et ces chants populaires au milieu de pièces electronica expérimentales, ce disque risque de surprendre, mais il donne aussi envie de voir ce documentaire, de voir comment cette musique s’intègre aux images. Par ailleurs les pièces entièrement composées par Rainier Lericolais font une nouvelle fois la preuve du talent de cet artiste.

Fabrice Allard le 07/05/2005