norscq, 5 streams (OS.076)

40,00

norscq is a French composer and music producer.
he founded the iconoclastic cult group The Grief in 1984.
since 1998, he worked as The Atlas Project for two albums and then under his name and working from time to time with Black Sifichi in the duet Super Stoned.
he’s known for being musically unpredictable with a particularly fine work on the sound.
this brought many other musicians and performers to him for recording, mixing, mastering, remixing, sound engineering …

this is the special deluxe vinyl release of the studio album gathering various pieces composed for Ibrahim Quraishi’s performances, 5 Streams and Baburnama.

gatefold 2xLP + 7″ Ltd to 200 ex.

LP1
a1 – fall after fight
a2 – belly button
a3 – n/p 4
b1 – as a warrior, i could have danced all night
b2 – the holy cow

LP2
c1 – the man with a plan
c2 – Fauna and flora
d1 – moonray
d2 – nature and paradise

7″ bonus (live in singapore)
e1 – as a warrior, i could have danced all night, part1
e2 – as a warrior, i could have danced all night, part2

Catégorie :

Description

all material recorded in situation and at the time by norscq
re-worked a lot or almost not from original versions, mixed, produced and edited by norscq / paris – summer 2006
all composition by norscq except c1 nicolas lelièvre and norscq.
mastering by simon davey – the exchange / london – fall 2006
cutting by hervé de keroullas – dk mastering / paris – fall 2020

outside photographs by abm studio
inside photograph by norscq
artwork by abm studio

samina ahmed : whispers and acting a1 b1
naseem abbas : voice and vocal arrangement with norscq from traditional tune a1 b1
anuradha n. baral : hums and teeth a2, voice b1
arthur aviles : voice a2
ibrahim quraishi : lyrics a2 c1, environment recording with ron kiley teasing / new york – spring 2005 …
nicolas lelièvre : percussions a2 b1 c1, tune inspiration a2 b2, drums d2
parul shah : kathak feet, count and inspiration a3
dawn in new delhi : street environment – winter 2005 b2
johnie zucchini : voice c1
arnaud durand : electric guitar c1
denis frajerman : strings arrangement c1
string trio c1 : carole deville (cello) / fanny kobus (viola) / hélène frissung (violin)
dusk in banteay kdei : insects and birds environment – winter 2003 c1
marc perroud : frédéric rossif under acid c2
frederika fenollabate : ghost reading and page turning d1 d2
dawn in pulau pangkor : aquatic and jungle environment – spring 2002 d1 d2

thanks to ibrahim quraishi for pushy inspiration, deep friendship and so many adventures – pierre belouin for making it (again) and more than just this – nicolas lelièvre for shining the hits – denis frajerman for stringing the eleven – sylvain carpentier for making drums so big at studio de la bastille – christophe folie for normandy madness – maryse jaffrain and sylvain ohl for malaysian cruising – kirk ross for ever – samina ahmed, nassem abbas and all in lahore – anuradha n. baral, anup baral and all from nepal group in tokyo – tsurudome satoko, takahashi rumi and andy thomas in tokyo – la frances hui, rachel cooper, r. douglass rice and cynthia elliot, helena tovar seguin and her family and all in new york – véronique ruggia, rosa sanchez, parul shah, rajika puri, subarna tapa, ron kiley, gabriel smeets, mustafa samdani and all from compagnie faim de siècle – frédérika and frédéric fenollabate – p. nicolas ledoux – serge oswald –
and all participants of course

7″ bonus

recorded live at national museum of singapore (stamford green, main ground) during singapore night festival – august 30th and 31st, 2013
mastering by norscq / paris – summer 2020

naseem abbas : voice e2
olivier hüe : ud e1, electric guitar e2
nicolas lelièvre : percussions, frame drum e1, drums e2
norscq : synthesizer e1, eight strings electric bass e2, live sound

thanks to ewan abdul samad at agent one pte ltd for getting us there – syed ahmad of bloco singapura who provided rehearsal facilities and amazing musicians connection – jacqueline soo (gamelan) – ho sze ying rachel, crystal lin feng, raghavendran rajasekaran (flutes) – hervé de keroullas for final touch mastering before cutting process

————-

Jean-Louis Morgère, Norscq, est connu depuis peut-être 25 ans en tant que l’ambulance, la bouée, le 911 secret (de polichinelle) d’une armée de musiciens plus ou moins underground ayant eu un jour ou l’autre recours à ses services de production, de mixage et/ou de mastering. Avec les années son propre travail a été un peu éclipsé par sa carrière d’accoucheur de la musique des autres. Il y a pourtant là un trésor à redécouvrir. La réédition vinyle de 5 streams (2006), le démontre en chacun de ses sillons.

Dès la première écoute on est autant marqué par la foison d’idées disparates et les mouvements incessants qui les animent que par la tenue de l’ensemble, l’équilibre coûte que coûte malgré le jeu de bascule permanent. On est pris dans le piège d’un patient va-et-vient entre ardeur et sérénité. 5 streams est d’une certaine manière un disque marin. Il tombe et se relève incessamment, à la limite d’une ligne de silence, en des dizaines de courants et contre-courants. Il tangue. Le musicien-voyageur a mis son nid sur le mât. Je ne sais pas si sa destination est tant l’Asie (qui entre les bols, les gongs, les voix et les fields recordings, est partout), qu’un lieu plus intime, un territoire incertain, plus poétique, plus onirique, où l’occident disparaîtrait enfin, où l’on pourrait croire se délester un peu d’un certain fardeau historique, philosophique, et bien sûr quotidien. Il ne s’agit à l’évidence pas de réappropriation de cultures lointaines mais d’une construction intime, d’une collecte d’expériences personnelles et collectives sublimées par le geste musical, qui viserait à sa propre disparition, et au bout du compte ne plus s’ancrer nulle part, n’être plus que son. Il marche presque contre son propre exotisme, ce disque, il le ramène toujours à la personnalité de son auteur, le soulève et le noie, l’émerge et le ré-immerge dans un genre de rituel aquatique, de baptême des profondeurs, d’aller-retours élastiques entre le très lointain et le très intérieur.
Tout un registre de voix non chantées et même de souffles aux limites de l’extinction nous interpelle ici et là comme bon leur semble en des langues parfois inconnues, flottant dans une gracieuse incertitude quant à leur fonction, entre matière brute et véhicules de sens. À cela s’ajoute une palette plus concrète, au sens musical, celle de la torsion, de la pression, des grattements métalliques, des contractions acoustiques, des moments où la physique d’un corps est poussée dans ses retranchements.
5 streams multiplie les situations où les objets se délestent de leurs contours sonores prédéterminés, où l’on « perd de vue » l’origine du son. Norscq les accompagne d’incessants changements de registres, de tactiques visant au surgissement de la différence, timbrale, mélodique, rythmique, harmonique, ou tout cela en même temps. On peut ainsi une fois, une seule, approcher la musique de chambre, oh pour un moment seulement, sans en abuser le moins du monde, lors d’un twist (au sens scénaristique du mot), absolument sidérant. C’est un peu la loi de ce disque, que de proposer des instants sortis de nulle-part et de toujours courir la fine ligne de crête entre plaisir de l’exposition de matière et joie plus mesurée de la composition structurée. Celle-ci a ses avantages, elle permet justement les montées au ciel et les descentes inversées – de très beaux mouvements coordonnés où des lampions savamment secoués se mettent à danser.
Même au plus fort de l’inévitable délitement qui suit chacune de ces patientes constructions, quand le son replonge vers l’indéterminé, on parvient toujours à penser une suite, on ne sait jamais trop laquelle mais elle vient, on sait qu’on ne nous laissera pas tomber – nous ne sommes pas ici témoins d’une guerre sainte contre la forme mais d’un art exquis de nouer et dénouer les éléments.
Le musicien, on le sent, a longuement laissé reposer, retouché ici, découpé là, pris le pouls de son humeur, œuvré patiemment à la transcendance des conditions de la genèse de son travail. Il a laissé infuser. Il a aussi fait des choix forts. Ce magnifique refus de la finalité, de la forme toute-faite, de l’évidence des structures ou des progressions, cette volonté de toujours les contrebalancer par une ivresse « free », ou plutôt orphique, je veux dire incertaine quant à son statut ontologique, est la grande marque de fabrique de 5 streams.

Est produite une matière constamment mélangée, flottante mais portante, capable finalement de s’éclipser, pour laisser venir à vous une massive évocation d’images, de sensations, de rappels. C’est à l’auditeur de voir autant que d’entendre. J’y ai bien sûr retrouvé les très riches heures de mes voyages. La grâce fascinée de la collusion avec l’inconnu, mais aussi la paix plus générique et finalement plus exigeante de l’instant où l’on se laisse déborder par l’océan des choses, ici ou ailleurs.

Guillaume Ollendorff